Blog Eireann Histoires de Houat

Sur son blog Eireann, Yvon Boëtte parle d’Histoires de Houat

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Le célèbre et très prisé blog Eireann, la littérature d’Irlande, de Bretagne et d’ailleurs fait l’honneur de sa critique au livre « Histoires de Houat ». A lire également sur : http://eireann561.canalblog.com/archives/2010/11/30/19739810.html
 

Auprès de mon île…

René SCOUARNEC.
Histoires de Houat.
Note : 4,5 / 5.
 
Ce livre a été entièrement conçu par la petite fille de l’auteur d’après un manuscrit de celui-ci. De la rédaction à l’édition, avec tout ce que cela suppose de recherches (archives personnelles, établir des dates précises de la biographie familiale), de corrections et aussi de suppressions de notes qui ne présentaient pas un grand intérêt pour le lecteur. Il nous raconte la vie d’un homme et son parcours tout au long du siècle dernier et sur les mers du monde. Avec une île, Houat, pour point d’ancrage.
 
René Scouarnec naît au Havre le 7 octobre 1911. Son père était né à Houat et sa mère à Plouharnel dans le Morbihan. Il arrive que des pêcheurs se marient avec des femmes du continent. L’exemple le plus célèbre est bien évidement Peig Sayers, née à Dún Chaoin, (Comté de Kerry) ; elle fut la plus grande ambassadrice de la littérature des îles Blaskett. L’auteur signale que ce n’est, malgré tout, pas très fréquent. La vie d’antan, avec en plus la particularité d’être « îlien », avec ses contraintes, mais également une très grande fierté.
 
En 1924, la famille de René revient s’installer à Houat qu’il avait dû quitter faute de travail (Le Havre est une ville où au moins un membre de beaucoup de familles bretonnes a travaillé), et l’auteur nous décrit le lieu et son quotidien qui, pour nous, est plein de surprises. On apprend ainsi que l’île avait trois ports et quatre forts pour se prémunir des nombreuses tentatives d’invasions anglaises et hollandaises, ce qui peut paraître surprenant! Cela ne s’invente pas : un de ces forts fut vendu à un monsieur Fortin ! L’eau douce ne manquait pas (du moins à cette époque mais la situation s’est inversée, à partir des années 1960 avec la montée du tourisme) : il y avait en effet 4 fontaines (pour la consommation) et deux puits dont l’eau était plutôt pour les travaux ménagers.
 
Ici, comme souvent en Bretagne, les filles allaient à l’école religieuse et les garçons à l’école publique. Le problème de la solitude des gens du continent est d’ailleurs évoqué en parlant de l’éducation, l’institutrice devient dépressive et un instituteur se pend ! Une autre coutume de l’île était une sorte d’impôt qui ressemble à des travaux d’intérêt commun qui consistaient en trois jours de travail au bénéfice de la commune, qui fut remplacé par une taxe d’habitation, et pas au bénéfice des habitants !
 
On trouve beaucoup de choses surprenantes dans ce récit, sur la prépondérance de la religion et le pouvoir des recteurs, on s’aperçoit des similitudes entres les îles du monde entier pauvres en arbres, avec l’usage de la bouse de vache séchée comme combustible. On apprend que l’auteur qui travaille en élevant des moutons et des poules est devenu par la force des choses boucher, entre autre, mais la vie des îliens est dure et le travail rare quand la pêche décline. Alors il ne reste, comme pour beaucoup d’autres, que l’engagement dans « La Royale »…
 
Dans ce que l’on pourrait appeler la seconde partie du livre, nous suivons la vie de l’auteur et ses pérégrinations de marin d’état et également la marche du siècle. Beaucoup de déplacements étant dictés par l’Histoire du Monde en particulier pendant la Guerre de 1939-1945. Et on rentre alors de plain pied dans ce que l’on pourrait appeler l’époque actuelle et le modernisme. On retrouve donc le parcours relativement habituel de beaucoup de marins bretons, sillonnant les mers lointaines au départ de Lorient, Brest ou Toulon.
 
Les personnages de ce livre sont la famille au sens large, le « Clann », ce mot gaélique qui signifie la filiation étendue, mais sans le côté sectaire qui est donné à ce terme, les cousins (à la mode de Bretagne) sont très proches et sont souvent élevés ensemble, surtout sur une île.
 
Ce livre en plus d’un texte à l’écriture simple (c’est ce que j’aime dans ce genre de documents), donc facile d’accès, est très bien documenté. Et aussi abondamment illustré de cartes postales ou de photos de famille, souvent en sépia ou noir et blanc qui font toujours mon admiration !
 

Extraits

– Comme chez les marins, la femme s’occupait de toutes les affaires de la famille et des enfants pendant que le mari était en mer.
– À cette époque, le recteur de Houat régnait en maître sur la conscience des Houatais !
– Tous les hommes sur l’île étaient pêcheurs. Il n’y avait pas d’ouvriers.
– Une tante de mon père, la tante Reine, a vécu jusqu’à près de 100 ans sans jamais sortir de l’île.
– Ce pot de baptême, que j’ai reçu de mon père, qui lui-même l’avait reçu de ses parents, a une histoire qui date de la révolution. Nous nous le transmettons depuis, d’aîné en aîné avec son histoire.
– Il fallait les comprendre, elles ne recevaient pas souvent la visite de jeunes gens et nous étions très flattés.
– Dans un pays comme Houat qui vivait en dehors du monde, il fallait savoir tout faire.
– Nous étions bretons tous les quatre, comme les trois quarts de l’équipage.

 
Histoires de Houat : biographie d’un Houatais / René Scouarnec. – Lorient : Verdi éditions, 2008. – 223 p.-[48] p. de pl. : ill. ; 24 cm. ISBN 978-2-9533054-0-1. Site du livre : https://www.histoiresdehouat.eu/